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Une biodiversité domestique


 

Un patrimoine vivant à redécouvrir : Les animaux domestiques



IDENTITÉS : ANIMAUX DE TERROIR ET BIODIVERSITÉ

Depuis cinq ans je m’efforce de photographier la biodiversité des animaux de terroir dans la plus grande authenticité : La premiére régle est de ne photographier les animaux que dans leur berceau de race originel. Cela permet la lecture et la compréhension de l’effet de sol sur les animaux ainsi que de raccorder le concept moderne de race aux origines de l’ensemble des populations animales et aux mouvements des populations humaines. Pour que ce travail trouve un echo positif chez les éleveurs, les scientiques et les zootechniciens, je tente de respecter les règles de zootechnie instruites par les organisations qui font vivre chaque race. La troisième règle de mon travail est en fait la conséquence direct des deux précédentes : L’éthnographie. La valeur géographique des prises de vue associée à la valeur technique des animaux, permet d’acceder à la notion de témoignage. La photographie professionnelle, que je place volontairement en troisième position possède également bon nombre de contrainte. La plastique, l’originalité, le déclenchement de l’émotion du spectateur, la vérité…

En savoir plus sur l'exposition : Identités : Animaux de terroir et biodiversité

Découvrir la biodiversité domestique : www.animaux-de-terroir.org


#1#1 L’ÂNON COTENTIN
Deux ânesses et un ânon, de la race asine du Cotentin. Le berceau de la race se situe dans les limites historiques du Cotentin, de Cherbourg à Saint-Sever. Selon l’association responsable du développement de la race, en 2001, on comptait 1200 animaux inscrits au fichier SIRE des Haras nationaux, et 797 reconnus par le stud-book de l’âne du Cotentin. Attelés ou bâtés, pour les loisirs ou à des fins thérapeutiques, ces ânes retrouvent petit à petit une place de choix auprès d’éleveurs généreux. En Cotentin, sur cette péninsule pauvre et isolée, du médecin de campagne, filant dans sa petite voiture, à la paysanne rentrant de la traite des vaches, du glaneur de varech traînant un tombereau rempli sur les longues étendues de sable fin, jusqu’au paysan labourant péniblement son lopin de terre, les « quétons » auront eu longtemps de lourdes responsabilités. Maintenant, réhabilités autour de passionnés, ce sont des compagnons idéaux pour porter les pique-niques et les toiles de tente, défricher les mauvaises landes, faire découvrir les joies de l’attelage aux enfants et faire parler les Anciens. Leur finesse d’esprit en fait de très bons auxiliaires thérapeutiques là où la parole ne suffit pas toujours.
La photographie a été réalisée au début de l’automne 2004, avec le concours de Jacky Lejamtel dans les prés salés de Regnéville-sur-Mer dans la Manche.


LA GARDIENNE DE L'ETABLE#6 LE PORC BASQUE
Vous êtes ici au cœur du Pays basque, là ou des hommes ont fait le choix de ne pas galvauder leurs racines de paysan. Cette photographie réalisée chez Michel Oçafrain est le témoignage authentique de ce qu’a toujours été l’élevage de porcins dans ce village de Banca et plus généralement dans les vallées du pays. Par opposition au porc celtique* peu adapté à la vie en liberté, le porc Basque est un cochon ibérique* qui trouve naturellement son alimentation dans de grands espaces naturels, certains ont même encore la chance de trouver des chênes sous lesquels jadis, on les y amenait pour finir leur engraissement. La qualité de ses chairs, subtilement accompagnées des saveurs naturelles de la montagne renfermées dans le persillé* de sa viande, sont à l’origine de la renommée mondiale du jambon de Bayonne. Malheureusement, la demande croissante du marché bayonnais a poussé les transformateurs à aller chercher ailleurs leur approvisionnement.
Pour déguster encore les mets rares issus des naissances des seules 428 truies élevées chez les 37 producteurs de la filière en cours de couronnement d’une appellation d’origine contrôlée**, vous pouvez aller chez quelques producteurs qui pratiquent encore la transformation à la ferme, comme Christian Aguerre à Itxasou, ou suivre la route sinueuse de la vallée des Aldudes qui vous amènera directement à la porte des ateliers de salaison et des séchoirs à jambon de Pierre Oteiza. Dans un cas comme dans l’autre, en fermant vos yeux et en dégustant une fine tranche de ce jambon et des autres produits proposés, vos papilles vous traduiront mieux que tous les récits l’étonnante puissance de l’assemblage cohérent d’un territoire, d’une race et d’un savoir-faire.
* Dans la viande du porc celtique le gras et le maigre sont séparés, il est traditionnellement élevé dans les cours de ferme ou dans les soues. Le porc ibérique est un animal vivant en extérieur ou même transhumant dans certains cas. Sa viande mélange subtilement au maigre de fines couches de gras chargées de multiples saveurs.

** La filière porc Basque a fait sa demande d’AOC en 2001 auprès de l’INAO. Il faut environ dix années de travail et de recherche pour aboutir à l’établissement du cahier des charges.

En savoir plus sur l'exposition : Identités : Animaux de terroir et biodiversité

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